Le livre de poche. 2009 (2007 première édition). 248 pages.

Résumé

Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur. D. V. Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Mais nul n’est à l’abri…

Mon avis

C’est la première fois que je lis Delphine De Vigan et j’ai pris une claque.

Comme Lou, j’avais cette envie d’aider No. Je n’ai jamais compris comment on peut laisser des gens dans la rue. Le souci, c’est que pour pouvoir aider les autres, il faut que les autres se laisse aider, vraiment aider. Et ce n’est pas toujours facile.

Je te note les citations qui m’ont marquées :

« Moi je n’aime pas qu’on s’attaque à des gens sans défense, ça me met hors de moi, encore plus quand il s’agit de ma mère , alors un jour je lui ai dit : et toi Sylvie, comment tu serais si tu avais tenu ton enfant mort dans tes bras ? Ça a jeté un froid polaire d’un seul coup […] »

« Je pense à l’égalité, à la fraternité, à tous ces trucs qu’on apprend l’école et qui n’existe pas. On ne devrait pas faire croire aux gens qu’ils peuvent être égaux ni ici ni ailleurs. »

« On est capable d’ériger un gratte-ciel de six cents mètres de haut, de construire des hôtels sous-marins et des îles artificielles en forme de palmiers, on est capable d’inventer des matériaux de construction « intelligents » qui absorbent les polluants atmosphériques organiques et inorganiques, on est capable de créer des aspirateurs autonomes et des lampes qui s’allument toutes seules quand on rentre chez soi. On est capable de laisser des gens vivre au bord du périphérique. »

« J’ai pensé aux effets secondaires de la vie, ceux qui ne sont indiqués dans aucune notice, aucun mode d’emploi. J’ai pensé que la violence était là aussi, j’ai pensé que la violence était partout »

Est ce que ces phrases te retournent comme elles m’ont retourné ? Je ne sais pas, mais je suis bouleversée par cette lecture, parce que tout ce que décrit No je l’ai ressenti et le ressent parfois encore. C’est l’incompréhension du monde dans lequel nous vivons.

Je ne suis pas politicienne, je ne sais pas ce que c’est que diriger un pays, mais vivre du malheur des autres que ce soit en France ou ailleurs, ça me semble cher payé pour nos privilèges.

Alors oui, j’ai un smartphone, un ordinateur, un appartement, je peux prendre une douche tous les jours et manger à ma faim, je peux aussi aller au ciné et au resto et tout ça avec ma super Zoé électrique et après ? A quoi ça sert ? J’ai envie de pleurer tellement j’ai de privilèges que d’autres n’ont pas et pourtant… en suis-je vraiment consciente ? Maintenant oui, grâce à ce livre mais pour combien de temps ? Que devrais-je faire pour ne plus culpabiliser ?

Essai-t-on vraiment de prendre conscience de nos privilèges ? De nos petits bonheur de tous les jours ?

Désolée pour le pavé, j’en reviens au livre. Lou est une jeune fille très intelligente, No une jeune femme SDF qui cherche de l’aide mais ne sais pas oublié d’où elle vient, comment le pourrait-elle ? Ce ne sont que des enfants et pourtant l’une se démène pour essayer de faire changer les choses et l’autre en a trop vu pour se dire que tout ira mieux. Et les personnages secondaires, le père de Lou qui essaie de sauver sa famille tant bien que mal. La mère de Lou qui est dépressive et se renferme sur elle-même, d’ailleurs je ne comprend pas vraiment le déclic qui l’en fait sortir petit à petit. Lucas qui essaie d’attirer l’attention sur lui pour qu’on s’occupe de lui.

Tous les personnages de ce livre sont tristes et malheureux. Je pense que ce n’était pas le genre de lecture que j’aurais du avoir alors que j’essaie de me dire que rien est perdu et que le monde va se rendre compte qu’il faut que ça change. Dans tous les sens du terme.

Conclusion

Ce livre est très beau mais m’a un peu déprimé. Il remet en question tous les privilèges de la vie que je mène, même si finalement je suis consciente d’être très chanceuse comparée à d’autres. A quand la prise de conscience collective ? Et surtout le changement qui irait avec ?

Bonne lecture !